Je m'inscris dans une
démarche
déchétariste. Avec une tendresse particulière pour rebuts et surplus
déchus de leur valeur fonctionnelle, à l'utilité révoquée.
Les matériaux sont des reliquats de consommation personnelle, ou bien
rencontrés au hasard de déplacements à pied, ou parfois proposés par
des proches. Ils sont d'abord élus au gré de l'émotion, en général glanés sans
projet a priori. Puis ils sont traités soigneusement et manuellement –
par exemple triés, nettoyés, démontés, classés... –, avant d'être
éventuellement reconvoqués et (littéralement) mis
en œuvre.
Ce parti pris implique une pratique foncièrement expérimentale qui valorise l'improbable, l'hypothétique, la bricole, et doit s'inventer de manière singulière pour chaque matériau en fonction de sa nature, de spécificités souvent inconnues à l'avance et de la quantité disponible. J'aime la contrainte, le défi, mais aussi la magie, qu'il y a à composer avec ces paramètres fortuits, indépendants de la volonté et échappant aux règles de l'art, aux savoir-faire consacrés.
L'issue visible de cette aventure, parfois des années après l'attrait et les gestes initiaux d'adoption, est la remise en forme d'un volume. L'assemblage se distingue comme le moyen plastique qui permet d'assumer autant les composants que leurs jointures. Il est une invitation à reconsidérer le trivial, le négligeable ; il témoigne d'une transition ; il se propose comme tentative de conjuration du sort et de rédemption.
Dessin et
peinture d'observation en atelier extra-scolaire dans le courant des années 1970.
Formation spécialisée en création textile et diplômes de
l'école supérieure des arts appliqués Duperré puis
de l'Institut Français de la Mode à la fin des années 1980.
Reprise du dessin d'après modèle vivant à l'atelier
Pierre Soulages au milieu des années 2000.
Sculpture aux Ateliers Beaux-Arts de
Paris à la fin des années 2010.
Design : pour les marques
Lancel, Opéra de Paris, Haviland porcelaines, Raynaud porcelaines, Marshall Field's... 1987 à 1990.
Peinture : 1ère exposition collective, galerie du Pont-Neuf, Paris
1983 ; 8 toiles pour l'Opéra lyrique de Chicago, 1990 ; 1er prix du 10e
salon Luz'Art, Noisiel 2000.
Photographie : cahier d'activité éducation civique, éditions Nathan
2004 ; exposition des finalistes du 1er Heralbony Art Prize, Tokyo 2024.
Collage : exposition Sorcières
d'aujourd'hui, Paris 2019 ; publication
dans la revue En marges ! No
5 2020 ; exposition Nos
visibilités, 36e festival Cineffable, Paris 2024.
Assemblage : salon annuel de Charenton depuis 2018 ;
exposition Métamorphosis,
Paris 2022 ; prix du thème de l'année du 39e salon des arts de Saint-Maurice 2023.
Installation éphémère : parcours culturel et artistique annuel Art en balade, Paris depuis 2021.
Le travail artistique a longtemps été mené en parallèle d'autres activités, notamment merchandising dans la distribution et projets informatiques en milieu hospitalier.
contact : c.lapeyre@infonie.frInstallations éphémères en espace public, principalement à base de végétaux et autres matières naturelles, sinon de matériaux de récupération.
Elles varient en fonction de leurs modalités
de réalisation, par exemple :
Art impro in situ :
création avec des matériaux
glanés sur site sans repérage ni idée préalables.
Art action in situ :
réalisation de plusieurs heures en
présence de passants et qui a été anticipée au moins partiellement
(repérage, idée et/ou glanage des matériaux).
Artentat environnemental : implantation
d'un ouvrage en matériaux de récupération élaboré hors site,
pouvant être considéré comme le dénaturant.
Affichage végétal :
accrochage d'une composition plane
créée hors site avec des végétaux préalablement préparés.
Divers matériaux de récupération de type DMA (déchets ménagers et assimilés).
Têtes modelées-assemblées en présence de modèles vivants – divers matériaux, principalement de récupération.
Mini-assemblages – matériaux de récupération divers.
Pliage et autres manipulations de papier typographié et de livres de récupération.
Mes collages sont issus du
pillage de magazines à fort tirage ou d'éditions
promotionnelles, c'est-à-dire d'objets de grande consommation, de peu
de valeur ou gratuits et
susceptibles de se transformer rapidement en déchets.
Parce qu'ils sont répliqués par milliers
d'exemplaires, images et
textes de ces publications sont tenus pour de quelconques produits en
série, sorte de résidus industriels disponibles
dont la dégradation fournit un humus fertilisateur pour la création, et
sont pris ici comme
matériau de base.
Antérieurement, ces images et textes, du moins dans leurs
contextes et leurs formes complètes d'origine, ont
véhiculé certains messages et servi certains
objectifs. Qu'on pense çà et
là « reconnaître » des
éléments, ou qu'on ressente
confusément un étrange
déjà-vu, n'est pas fortuit :
cela révèle que la mémoire a été abusivement
imprégnée à force d'exposition (selon
le lieu de vie et la période, ceux qui n'auraient jamais
été exposés seraient d'ailleurs
vierges de ces connotations préalables).
C'est à cette surexposition que je m'attaque, à
la reproduction massive considérée comme
pollution car omniprésente, redondante, colonisant
l'imaginaire et façonnant un
prêt-à-penser et un prêt-à-désirer collectifs
stéréotypés. Ma façon de
m'y attaquer, par piller-coller,
est d'opposer mes propres déclarations visuelles : certaines
sont simples expressions de mon imaginaire singulier, d'autres peuvent
se donner à lire comme informations usant
d'accroches visuelles ou textuelles parodiques, caricatures
d'annonces, pastiches publicitaires et propagandes satiriques.
Si le montage final prend l'allure lui-même d'une « belle image », illustration ou interpellation, il s'agit d'une image trompe-l'œil : les effets de découpe, de collage, de raccord, ainsi que les distorsions d'échelles et de perspectives, rappellent discrètement mais volontairement que le propos n'est pas de produire une nouvelle image lisse vouée au clonage, de type photographique ou infographique, mais bien d'explorer un processus qui est à la fois de métabolisation et de résistance vis-à-vis de la prolifération des images fétiches.
Assumés comme une sorte d'arte povera et présentés en séries, ces collages prennent une certaine signification. Néanmoins chacun d'eux pris individuellement peut être générateur d'une atmosphère ou de sens. En tout cas, chaque collage pendant son élaboration est un moment d'intensité : échappée au réel, fuite dans l'imaginaire, proposition ou tentative de construction d'un univers parallèle (si petit soit-il avec ses 30 centimètres carrés), c'est un temps de jeu, de distance critique, d'ironie sur le monde ou d'autodérision, qui tient à la fois de la thérapie et de l'utopie. C'est un acte d'écologie mentale, désintoxiquant.
De surcroît, le papier
présente une fragilité inhérente qui le rend
émouvant en dépit de sa banalité et de
sa grande disponibilité. Sa manipulation conduit
à une gestuelle délicate – qui
contraste avec l'agressivité du pillage en
réaction au matraquage des icônes – ainsi qu'à un
silence relatif. Celui-ci permet aux sons générés par
les divers modes et outils de découpage de jouer leur petite
musique subtile et apaisante.
Sans s'inscrire dans le registre de
l'éphémère – dimension qui
est celle du spectacle vivant, de la gastronomie ou de l'arrangement
floral par exemple – le collage ne prétend pour
autant ni à une solidité ni à une
pérennité d'œuvre qui défieraient l'ordre humain : sa condition est la
précarité et le périssable.
Les collages sont des pièces uniques de 30 x 30 cm environ.
acrylique sur toile.
couture-sculpture de matériaux de récupération, sorte de récuprestige jouant sur les codes du vêtement féminin haut de gamme.